Un jour, un poème (3)

Núria Contreras Coll (Catalogne/Espagne)

Núria Contreras Coll, née à Barcelone en 1995, est diplômée de l’université de Barcelone et de l’Université Pompeu Fabra (Études comparatives / Littérature, Art et Pensée). Actuellement, elle travaille sur une thèse de doctorat portant sur la notion de métaphore chez la philosophe María Zambrano.

Son premier recueil de poèmes, En Construcció / En construction (Ed. Viena, 2021), lui a valu le prix de poésie Martí Dot, prix qui entend promouvoir la création littéraire en catalan et aider les jeunes poètes à faire connaître leur première œuvre. Il reflète, comme son titre l’indique, le processus de construction de l’identité, parle de la ville, de la tradition romantique, du besoin d’écrire.

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EXORDI

Col·loco les mans fent cassoleta,

hi desfilen la mare, el pare,

els avis, tiets i coneguts,

tots els que han estat abans

despullats davant un altar.

Venen de lluny i porten

la convicció d’un ofici,

el sentit d’un nom,

l’error clavat als colzes

amb consells matussers;

l’única justificació

d’haver pecat i haver caigut

és imposar-se, entrenar-se

en paraules, fer residual

un llenguatge que cau

en comptagotes i forma

una pila d’aigua.

EXORDE

Je mets les mains en coupe,

y défilent ma mère, mon père,

mes grands-parents, oncles et connaissances,

tous ceux qui étaient avant moi

nus devant un autel.

Ils viennent de loin et ont

la conviction d’un office,

le sens d’un nom,

l’erreur clouée aux coudes

avec des conseils maladroits;

la seule justification

d’avoir péché et d’être tombés

est de s’imposer, s’entrainer

aux mots, rendre résiduel

un langage qui tombe

au compte-gouttes et forme

des sources d’eau.

(Traduction : Màxim Serranos Soler)