Le printemps des Poètes-Luxembourg salue l’entrée des ouvrages de l’édition bibliophilique d’André Simoncini à la Wittockiana, à Bruxelles. Le galeriste- éditeur, et poète lui-même, a en effet fait don au musée des arts du livre et de la reliure de cette belle collection qui associe poètes de langue française ou traduits en français et œuvres originales d’artistes plasticiens, graveurs ou peintres. Une soirée riche en émotions a permis de (re)faire le chemin de l’édition et de (re)découvrir de grandes voix poétiques dont celles des poètes belges de la collection – notamment André Doms présent à la manifestation – mis à l’honneur dans une exposition ouverte à la Wittockiana jusqu’au 3 septembre. L’ensemble des ouvrages – parmi lesquels des recueils signés Anise Koltz, José Ensch et Edmond Dune – et des œuvres graphiques est lui exposé à la bibliothèque du musée.
(de g. à dr.): Jacques Carion, auteur et critique, Géraldine David, directrice de la Wittockiana, André Simoncini, Myriam Watthee-Delmotte, Présidente de Lettres en Voix, membre de l’Académie Royale de Belgique, le poète André Doms et Hélène Gilmard son épouse.
La 15e édition du Printemps des poètes s’est achevée le dimanche 24 avril 2022 avec la traditionnelle matinée poétique à la galerie Simoncini. Revivez les lectures des poètes Joan-Elies Adell (ES), Fabrizio Bajec (IT), Francisca Camelo (PT) et Ariel Spiegler (FR). S’en suit un débat avec tous les poètes et poétesses du festival encore présents dimanche. Encadrement musical: Vedran Mutić (contrebasse).
Retour en images sur notre Grande Nuit de la poésie à la galerie Schlassgoart, le samedi 23 avril 2022, en présence de tous les poètes. Photos: Claude Piscitelli.
J’avais une image de moi-même, en moi-même, de mon moi fumeuse, en fait, je souffle la fumée, les jambes croisées, sur la terrasse d’un café, je suis rêveuse, féminine, assise, la courbe de ma main gracieuse, une cigarette entre les doigts, sa fumée suit la ligne de ma main, pont volatile vers l’éternité.
C’est comme ça que je me vois si je fume, on se voit d’une certaine manière, même si on fume, on dirait qu’on vit en soi une vie à part,
comme quand la dernière fois j’ai guetté la fumée, et par la fumée j’ai aperçu quelque chose d’incompréhensible, moi, le démon, la star, Hélène, Dietrich, la pédicure de chien allumeuse, qui fume entre deux toutous, penchée à la vitre,
alors, à ce moment un pigeon s’est installé sur ma table et se balançant longuement au bord voulait des morceaux de mon gâteau,
pas tout à fait blanc, ni éthéré, comme une colombe de paix, rêve de Picasso et de l’humanité, plutôt vil, crasse, maladif, a bousculé mon assiette par terre,
et moi, mon moi fumeur, composé soigneusement des femmes assises sur les terrasses de café dans les films, et qui vivait une vie commode et attirante dans ma tête, je suis tombé en morceaux tout de suite. Maintenant je suis une concierge dans un roman typique de Kosztolányi, qui râle contre les pigeons, fleur de lotus dans la fosse d’aisances, s’étouffe, et avale de travers.
BIOGRAPHIE. Csilla Tóth écrit régulièrement depuis sa jeunesse, mais longtemps n’a même pas pensé à publier, simple question de personnalité, dit-elle. Elle est anxieuse lorsqu’elle n‘écrit pas, mais tout aussi anxieuse lorsqu’elle doit s‘occuper de ses écrits. Alors longtemps, elle a continué à écrire pour elle-même et pour son entourage.
C‘est après son déménagement en Belgique, la décision étant mûre, qu‘elle a publié ses premiers poèmes. Son premier recueil, «Avec moi tout est possible», est paru chez Parnassus en 2019. Entre-temps, elle a terminé un recueil de nouvelles «Moi et moi», un recueil de poèmes pour adultes, «Bruxelles est le bien», un recueil de poèmes pour enfants, «Petites choses», et un conte en vers, également à destination des enfants, «Julie, la fille du feu», qui sont en attente de publication.
Tu te souviens de ce que ça fait La sensation du sel et du vent Tiens bon L’odeur de l’eau verte Plate et sombre Son mouvement tout noir La promesse d’un orage et la lumière
BIOGRAPHIE. Ariel Spiegler est une poétesse française, née en 1986 à São Paulo au Brésil. Son premier recueil, «C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment», paru en 2017 aux éditions de Corlevour, a reçu le prix Apollinaire Découverte la même année. Son deuxième recueil, «Jardinier», a été édité en 2019 par les éditions Gallimard. Elle vit en Bretagne. Elle est agrégée de philosophie et écrit régulièrement des articles de critique littéraire.
Elle a publié des poèmes dans plusieurs revues : «Nunc», «Place de la Sorbonne», «Triages», «N47», «Recours au poème», «Sitaudis», «La Passe», «Décharge», «Les Cahiers de la rue Ventura, les Carnets d’Eucharis», «Passage d’encres», «Ce qui reste».
Onde porteuse Dans la plaine évanescente Un oiseau veille Ailes déployées Sur le règne de l’immatériel Dans la brise Du crépuscule qui s’annonce Ce danseur diurne Nous observe Prisonniers de la pesanteur Pourfendeurs Des lois de la nature Hommes bien trop suffisants Quand la nuit s’installe Et que l’horizon s’émousse L’oiseau alors Se pose sur terre
BIOGRAPHIE. Né en 1946 à Esch sur Alzette / Grand-Duché de Luxembourg, André Simoncini est galeriste et éditeur. En 1981, il lance une collection bibliophile, avec poèmes de langue française ou traduits en français et estampes originales, aujourd’hui accompagnée d’une édition poche.
Il a publié un journal, «Échanges», édité la «Nouvelle anthologie de la poésie nègre et malgache de langue française», cordonnée par Charles Carrère et Amadou Lamine Sall, et organise depuis les années 90 des matinées poétiques. Poète, André Simoncini a signé sept recueils : «Aube impalpable» (Ed. Caractères, 1977), «Le Versant probatoire» (SaintGermain-des-Prés, 1984), «Le manuel de l’éphémère» (SaintGermain-des-Prés 1988), «Le manuel du silence» (Ed. Phi 2016) et, en édition bibliophile, «La plaine des absents» avec le sculpteur Axel Cassel (2013), «Dieu se cache», avec le photographe Kozo Yano, (2014), traduit en japonais, italien et anglais, «Le tournoiement des ombres» avec gravures de l’artiste américaine Holley Chirot (2021).
À noter aussi sa collaboration pour un livre objet avec le plasticien japonais Rikizo (2006). À paraître prochainement «L‘Union des sels» (Éditions Phi).
der rhein schriftwechsel zwischen den bergen an den schläfen an den wegwarten bring die sirrende letter ins lot nur innen nur das stimmmäander ton ~ nebel ~ not strömung übersetzt in zeitwörter des herzens flusskrebse gäb es sie nun huschten über gestrich’ne kiesel gletschergrüner strömung
BIOGRAFIE. 1958 in Schaan (Liechtenstein) geboren. Freischaffender Maler und Buchkünstler. Von 1970-78 Liechtensteinisches Gymnasium. Zweimaliger Preisträger des Liechtensteinischen PenClubs 1978 u. 1980 in der Sparte Essay. Nach ersten autodidaktischen Lehr- und Wanderjahren 1978-83, mit mehrmonatigen Studienaufenthalten in Griechenland und Italien, Studium an den Kunstakademien von Urbino und Bologna. Abschluss mit einer Arbeit zum Künstlerbuch: „Il libro come architettura ideale“.
1989/90 einjährige Reise nach Südostasien, Zanskar/Ladakh, Indien und Indonesien mit nachhaltiger Tiefenwirkung. 1998/99 Werkjahresstipendiat mit dreimonatigem Aufenthalt in Bhutan. Von 2000 – 2019 Dozent für bildnerisches bzw. analoges Gestalten am Institut für Architektur und Raumentwicklung, Universität Liechtenstein. Gründer und Leiter der Edition Eupalinos. Organisiert seit 2008 zusammen mit Mathias Ospelt die Liechtensteiner Literaturtage. Mitherausgeber des Jahrbuchs des Literaturhauses, wo er in der Programmgestaltung mitwirkt.
Tout d’un coup un bon matin presque à la même heure tous les commissariats et postes de police et toutes les casernes et unités militaires d’une bonne partie du monde civilisé ont commencé à s’agglomérer
En très peu de temps on s’est rendu compte Quelle surprise Qu’il n’y en avait pas assez ni assez de place Surpris à leur tour alarmés les policiers et les militaires ont cru qu’ils étaient attaqués pris d’assaut que leur heure avait sonné que les gens venaient enfin leur demander des comptes même s’il y avait paix et que la presse avait cessé depuis longtemps à les montrer du doigt Au plus grand émerveillement de toutes les forces d’ordre bientôt il s’est avéré que la population donnant enfin cours à une vieille consigne souhaitait la parfaite Tranquillité et Sécurité Ordre et Paix et tout le monde femmes et hommes vieux et jeunes élèves et professeurs etc étaient venus s’inscrire dans la police et dans l’armée Se faire dignes policiers et soldats pour qu’ils puissent vivre dans la Justice Aucun pouvoir ne devait plus les séparer
BIOGRAPHIE. Bogdan Ghiu (né 1958, Bucarest) est poète, essayiste (littérature, philosophie, médias, architecture et urbanisme, art contemporain), traducteur, théoricien et pédagogue de la traduction, journaliste, réalisateur de radio-télévision roumaine.
Il fait ses débuts en 1982 en tant que poète, dans le volume collectif Cinci (Maison d‘édition Litera), puis continue à publier de la poésie, dans des volumes individuels et collectifs, ainsi que des essais et des traductions. En tant que poète, il a publié : «46 calligrammes utiles» (Neuf poètes, Ed. Cartea Românească, 1984) ; «Le manuel de l‘auteur» (Cartea Românească, 1989), «Le poème avec un côté d‘un mètre» (Pontica, 1996), «L‘art de la consommation» (Cartea Românească, 1996), «Arhipelogos» (Axis, 1997), «Pantalon et chemise» (Pontica, 2000), «Le manuel de l‘auteur» (Cartea Românească, 2004), «Le poème en carton / Traces de destruction sur Mars» (Cartea Românească, 2006), «L‘œuvre poétique» (Paralela 45, 2017), «Avec n‘importe quoi est possible» (Nemira, 2019).
En tant qu‘essayiste, il est l‘auteur des titres suivants : «Grame» (Cartea Românească, 1997), «La trilogie Moyen Age» (I : L‘Œil de verre. Textes sur la télévision, All, 1997 ; II : Moyen Age ou l’Homme terminal, Idea, 2002 ; III : Telepitecapitalism, Idea, 2009), Faculté de Lettres. «Petit guide de mauvaise pensée» (Cartea Românească, 2004), «Moi l’artiste. La vie après la survie (code de barre pour l’avenir monstrueux de l‘art)» (Cartea Românească, 2008), «L’Inconstruction. Pour une architecture éthique» (Arhitext, 2011), «Dadasein» (Tracus Arte, 2011), «Contrecrise» (Cartea Românească, 2011), «La chaîne de production : travailler avec l‘art» (Tact, 2014), «Tout doit être traduit. Le nouveau paradigme (un manifeste)» (Cartea Românească, 2015), Pandémiocratie. «Kairos et le vide partagé (Contrecrise 2)» (Tact, 2020).
Bogdan Ghiu est également un important traducteur (plus de 70 titres) de la philosophie et de la littérature françaises contemporaines. Pour nombre de ces volumes, ainsi que pour nombre de ses traductions, il a reçu de nombreux et importants prix littéraires.
DENKMAL de Mathilde Eglitz du streichst über mich hinweg als letzter abendwind und du sprichst mit mir über das warme untergehen der sonne im gegenlicht stehen die strommasten noch wie krieger in der welt mit ausgebreiteten armen die waffen im anschlag das letzte licht zieht linien über einen blanken himmel die keiner mehr lesen kann es liegen geteilte wolkenbälle verstreut auf dem see zitternd auf den kleinen wellenkämmen ziehen das dunkle dem hellen vor verlieren sich auf dem weg zu einem ziel mit jedem augenblick geht eine richtung verloren die erde bebt und hebt sich leicht an wellen geraten ins wanken lösen geschriebene seiten auf keine nachrichten mehr die sichtbar wären und langsam ruht wieder alles ein kleiner vogel taucht ein
Meeresrauschen, un autre poème dans la voix de l’auteur.
BIOGRAPHIE. Mathilde Egitz wurde 1965 in Kufstein, Tirol geboren. Nach Beendigung ihrer Pfichtschulzeit, absolvierte Sie eine dreijährige Lehre als Fotografin, die Sie 1986 mit der Meisterprüfung abschloss.
1999 begann Sie das Studium der Komparatistik und Germanistik an der Leopold-Franzens-Universität in Innsbruck. Seit 2004 ist Sie selbständige Fotografn und betreibt gemeinsam mit ihrem Partner David Steinbacher ein Studio in Wörgl.
Im Jahr 2019 konnte Sie neben David Steinbacher in einer Kunst am Bau-Ausschreibung ein Gedicht veröffentlichen und alternativ gibt es weitere Publikationen in der „Tiroler Kunstbroschüre UND-Heft für Alternatives, Widersprüche und Konkretes“.
c’était au temps où les familles disposaient encore d’une remise elles nettoyaient les squelettes mal pliés et elles peignaient les palissades avant que les voisins ne regardent ou avant que n’arrive l’automne
les enfants se couchaient sur la paille et durant leur sommeil ils broyaient de leurs parents la violence petit à petit comme des graines de tournesol mal germées
les femmes voyaient des énigmes rouges leur pousser sur les jambes et tandis que l’été se déployait elles ne parvenaient plus à marcher arquées par le poids de la colère qui se couchait sur elles
toutes les nuits les femmes priaient: mon dieu celui qui a mangé ma chair devra me ronger les os.
BIOGRAPHIE. Francisca Camelo est née à Porto en 1990: elle est poète et diseuse. Traduite au Mexique, en Espagne et en Allemagne, Francisca Camelo a publié plusieurs poèmes dans des anthologies et revues diverses au Portugal, en Espagne et au Brésil.
On peut notamment en lire dans des revues comme Enfermaria 6, Círculo de Poesía: Revista Electrónica de Literatura, gueto – revista literária luso-brasileira, Palavra Comum – Revista galega de artes e letras, Ruído Manifesto. Francisca Camelo est l‘auteure de quatre recueils de poésie: «Cassiopeia» (Apuro Edições, 2018); «Photoautomat» (Enfermaria 6, 2019); «O Quarto Rosa» (demi-finaliste du Prémio Oceanos 2019, Corsário-Satã, Brési) et «A Importância do Pequeno-almoço» (Fresca Edições, 2020).
Tous les mois, elle organise la manifestation «SIN.CERA: poesia e conversas honestas» avec des poètes et poétesses invité.e.s.