Guy Goffette s’est envolé

(c) K.S. / PPL 2009

Il nous a quittés ce vendredi 29 mars. Et déjà nous manquent sa voix, son enthousiasme et sa bonne humeur. Mais restent ses mots, cette poésie attachée au quotidien qui nous aide à supporter « tout ce qui tient l’homme par le cœur au plus près de lui-même et des autres ».

Enseignant, libraire, éditeur dans sa Gaume natale avant de rejoindre les éditions Gallimard, Guy Goffette est avant tout poète et poète toujours lorsqu’il se fait romancier, biographe ou nouvelliste. Son œuvre abondante et largement primée (Goncourt de la Poésie 2010) en fait une des voix les plus singulières et les plus remarquables de la poésie contemporaine de langue française.

Souvent à nos côtés depuis de très nombreuses années, Guy Goffette était encore avec nous en avril dernier puis en octobre pour un vibrant hommage à Anise Koltz qui nous quittait, elle, en un même mois de mars, il y a un an.

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Couvée pascale

A l’aube quand vibrait encore
la gloire du monde, nous descendions
l’échelle des rêves pour chercher
dans l’herbe du jardin

l’œuf bleu des promesses, et dans le ciel
un reste du vertige qui nous tirait
des cris, mais tout retombait vite
et l’horizon reprenait

son vrai visage : enclos, barrière, octroi.
Nous rentrions couver notre butin
les yeux dans l’ombre comme si
une aile ou un ange

allait soudain venir briser la coque.

Guy Goffette

Soirée en hommage à
Anise Koltz

Mardi 12 septembre à neimënster

Anise Koltz (c) Collection CNL – Photo Paolo Leoni

A l’occasion de l’inauguration de la salle Anise Koltz, ancienne salle du greffe puis boutique de neimënster et aujourd’hui salle dédiée à la création, une soirée consacrée à cette grande dame des lettres, à notre amie, est proposée par le Printemps des Poètes-Luxembourg en collaboration avec neimënster le 12 septembre à 19h dans la chapelle.

Deux poètes majeurs, proches d’elle, le Belge Guy Goffette (Grand Prix de Poésie de l’Académie française en 2001 et Goncourt de la poésie en 2010) et le Luxembourgeois Lambert Schlechter (Prix Servais en 2007 et Prix Batty Weber en 2014) évoqueront leurs rencontres et ces affinités électives qui les rapprochèrent de cette poète majeure qui savait « le verbe indispensable » et dont les vers nous sont devenus indispensables.

Ainsi après les poètes Nic Klecker, Edmond Dune et José Ensch dont chaque jour des dizaines, voire des centaines de visiteurs de neimënster prononcent le nom en se dirigeant vers les salles qui les portent, Anise Koltz à son tour voit son nom donné à une salle de cette belle abbaye où le Printemps des Poètes-Luxembourg l’a si souvent invitée à intervenir.

L’encadrement musical de la soirée sera assuré par la claveciniste Anne Galowich qui n’est autre que la petite-fille de la poétesse et que le Printemps des Poètes-Luxembourg avait sollicitée déjà pour fêter ses 85 printemps. Une exposition de petites aquarelles originales, réalisées en 2016 par Jean-Jacques Laigre sur des poèmes d’Anise Koltz, sera présentée.

Anne Galowich (c) PPL
Aquarelle de Jean-Jacques Laigre

Lectures de poèmes par Marie-Anne Lorgé et Charlotte Goffin.

Soirée organisée avec le soutien de l’Association Victor Hugo et l’aimable concours du Centre National de Littérature.

Entrée libre. Réservation obligatoire par courriel (contact@neimenster.lu) ou tél. (+352 26 20 52-1).

Anise Koltz et Léopold Hoffmann
(c) Archives CNL – Wolfgang Osterheld
Anise Koltz et Alain Bosquet (c) Archives CNL – Wolfgang Osterheld
Anise Koltz et Pentii Holappa
(c) Archives CNL – Wolfgang Osterheld

Anise Koltz (1928-2023) est la voix de langue française la plus éminente du pays. Elle a signé une cinquantaine de recueils qui ont été traduits en une douzaine de langues et lui ont valu de très nombreux prix littéraires, luxembourgeois – Prix Batty Weber (1996), Prix Servais (2008) – et internationaux, jusqu’au plus prestigieux, le Prix Goncourt de la poésie Robert Sabatier (France, 2018). En 2016, elle avait été la première poète luxembourgeoise à entrer dans la collection Poésie de Gallimard, fidèle par ailleurs à son éditeur luxembourgeois PHI et à son éditeur français Arfuyen sans oublier ses collaborations avec la galerie – éditions Simoncini.

Membre de l’Académie Mallarmé, du PEN club belge, du PEN club français et de l’Institut Grand-Ducal, section Arts et Lettres, elle a fondé avec son mari René Koltz, Nic Weber et Horst Bingel les Journées littéraires de Mondorf et, avec Alain Bosquet, l’Académie européenne de poésie. Petite-nièce d’Emile Mayrisch et d’Aline de Saint-Hubert qui avait initié les rendez-vous de Colpach et dans les pas de laquelle elle aura mis ses pas, elle aura fréquenté les plus illustres écrivains de la scène internationale.  CNL

Anise Koltz avec e.a. André Schmitz et Guy Goffette (c) Archives CNL
Anise Koltz et Lambert Schlechter (c) PPL

Poète et prosateur, Guy Goffette, né en Lorraine belge, est l’une des grandes voix de la poésie francophone. Tour à tour enseignant, libraire et éditeur, il a publié plus de trente livres, romans, récits, poésie, sans oublier de magistrales biographies dont un Verlaine qui fait référence, tous aux éditions Gallimard. Il a e.a. obtenu le Grand Prix de Poésie de l’Académie française (2001), le Goncourt de la poésie pour l’ensemble de son œuvre (2010) et le Prix Max Jacob (2017).

Poète et philosophe, Lambert Schlechter que l’écriture n’a jamais quitté depuis ses plus jeunes années et ses premiers fameux carnets, a publié une cinquantaine de livres, poésie, essais, chroniques et nouvelles. Poète francophone le plus édité hors des frontières du pays, il a reçu le Prix Servais en 2007, le Prix Birago Diop en 2010 et le Prix Batty Weber en 2014. Il est membre de la section Arts et Lettres de l’Institut Grand-Ducal.

Anise Koltz (c) Alain Rischard
Printemps des Poètes 2010 – Anise Koltz avec les poètes de l’édition « Couleur Femme » dont Taslima Nasreen et la cheffe Léa Linster (c) PPL
Marché de la Poésie, Paris, 2015 (c) F. P.
Printemps des Poètes 2017, Galerie Simoncini (c) PPL