Santos Domínguez Ramos (Espagne)
Santos Domínguez Ramos (Cáceres, 1955) – qui se distingue dans le riche panorama de la poésie espagnole, « l’une des voix les plus importantes et authentiques de sa génération » écrit Félix Grande – est poète, professeur de langue et de littérature espagnoles et critique littéraire. Il est l’auteur d’une trentaine de livres et a reçu de nombreux prix tout au long de sa carrière, en particulier, et à l’unanimité, le 36e Prix hispano-américain de poésie Juan Ramón Jiménez (2016) pour El viento sobre el agua.
Ses ouvrages ont été traduits en français, anglais, arabe, hongrois, italien, arménien, grec et russe. Il a fait partie des 25 poètes d’Espagne publiés dans Inuits dans la jungle en France en 2008. Ses poèmes – sélectionnés et traduits par la fameuse traductrice et éditrice Marcela Filippi – ont fait l’objet de deux anthologies bilingues espagnol-italien récemment parues en Italie et son dernier recueil El tercer reino (PreTextos, 2021) a été nominé pour le prix de la critique et le prix national de poésie. On peut par ailleurs lire les textes de Santos Domínguez Ramos en version numérique.
***
***
EL HOMBRE QUE CAMINA
(L’Homme qui marche I. Giacometti)
¿De dónde viene, frágil, el hombre que camina?
¿A qué futuro incierto se dirigen sus pasos?
Algo en su movimiento lo retiene hacia el suelo
pero él se afirma y anda hacia adelante y arde
-entre el ser y el vacío, entre el cielo y la tierra-
su soledad precaria, la fuerza de su impulso.
Altivo y solitario, viene desde la lluvia,
emerge de la herida y de las sombras.
Bajo una piel rugosa, es casi sólo huesos.
Parecen disolverse sus plantas en el barro,
pero se afirma y anda sereno hacia adelante.
En el espejo turbio de su silueta exigua
nos reconoce el tiempo. Y en la oscura mirada
que asume su destino y su esqueleto,
despojado de todo, excepto de sí mismo.
L’HOMME QUI MARCHE
(L’Homme qui marche I. Giacometti)
D’où vient-il, fragile, l’homme qui marche ?
Vers quel avenir incertain se dirigent ses pas ?
Quelque chose dans son mouvement le retient au sol
mais il s’affirme et va de l’avant et brûle
– entre l’être et le vide, entre le ciel et la terre –
sa solitude précaire, la force de son élan.
Altier et solitaire, il vient de la pluie,
émerge de la blessure et des ombres.
Sous une peau rugueuse, il n’est presque fait que d’os.
Elles semblent se dissoudre dans la boue ses semelles,
mais il s’affirme et va sereinement de l’avant.
Dans le miroir trouble de sa maigre silhouette
le temps nous reconnaît. Et dans le regard sombre
qui assume son destin et son squelette,
dépouillé de tout, excepté de lui-même.
(Traduction : Jean Portante)