Poète et écrivaine, Justyna Bargielska (1977) fut entre autres lauréate du prix littéraire Gdynia (deux fois) et du Concours littéraire de la Société polonaise des éditeurs de livres (2010). Nominée au prix littéraire Wisława Szymborska de Varsovie, du Passeport de Polityka, prix Silesius, Gryfia et prix Nike (trois fois), Justyna Bargielska a présenté la première de son monodrame Clarissima au théâtre Witkacy à Zakopane et Moja pierwsza śmierć w Wenecji (« Mon premier amour à Venise ») au Théâtre dramatique de Varsovie. Justyna a également publié, en collaboration avec l’illustratrice Iwona Chmielewska, l’ouvrage Obie et Siedem pierwszych przygód Rozalii Grozy. Ses textes ont été traduits en anglais, russe, allemand, français, slovène, néerlandais, tchèque, slovaque et ukrainien.
Dans sa poésie, de Dating sessions, China Shipping, Dwa fiaty, Bach for my baby et Nudelman en passant par sa prose Obsoletki et Małe lisy, Bargielska associe souvent la mort à la corporéité, tout en combinant la discrétion et un sens profond de l’art dramatique. La marque de son œuvre est également une métaphore qui utilise de manière inattendue des noms concrets, menant les poèmes de Bargielska vers un surréalisme qui n’échappe pas à la vie quotidienne, et représente une valeur rare dans la poésie contemporaine.
Hanneton
Il n’y en avait qu’un, et déjà mort
traduction : Isabelle Jannès-Kalinowski
écrasé par quelqu’un sur la première marche
en partant du bas, ou la dernière en partant du haut.
Étalé là, il dégoulinait. Ma fille
m’a demandé si c’était à lui que je pensais
quand je parlais des merveilles du printemps et d’une nouvelle vie.
On allait quelque part, et autour de nous c’était
comme après la grande guerre des champignons : rien n’avait changé,
mais rien n’était pareil. Oui, c’est à lui
que je pensais, un peu, beaucoup, passionnément. Et regarde
le résultat.
Le soir quelqu’un l’a balayé. Peu l’auront vu,
moi, ma fille et le balayeur. Le plupart d’entre nous sont encore vivants,
et quelques uns sont morts