Présentation : Jean-Paul Klée

Jean-Paul Klée est né à Strasbourg en 1943. Son père, brillant normalien, ami de Jean-Paul Sartre et de Simone Weil, très tôt entré dans la Résistance, sera fusillé au camp du Struthof.
Après des études de lettres à l’université de Strasbourg, Jean-Paul Klée se dirige vers l’enseignement. De 1971 à 1979, il enseigne à Saverne. Après une étape à Strasbourg, il est professeur à Givors.

Jean-Paul Klée a publié en 1970 son premier recueil, L’été l’Éternité, puis La Résurrection alsacienne (1977), Requiem sur l’Europe à son lit de mort (1983) et Poëmes de la Noirceur de l’Occident (1998). Militant antinucléaire et écologique de la première heure, il a sacrifié beaucoup de son énergie, mais aussi sa carrière, à dénoncer les « lycées Pailleron ».

Parmi ses nombreux textes militants citons la Lettre au jeune Fabien sur les douleurs de notre temps, avec une Prière et un Appel . à . tous . contre . la . bombe . atomique (1979).

Après un bref séjour à Paris, il partage depuis de nombreuses années, son temps entre Strasbourg et Obernai.

Il a publié en 2001 aux éditions de la Nuée-Bleue, à Strasbourg, un merveilleux petit ensemble de proses, Rêveries d’un promeneur strasbourgeois, qui devrait constituer un véritable livre de chevet pour tous les admirateurs de cette ville magique.

La poésie de Jean-Paul Klée a été remarquée par les meilleurs critiques de France. Le site Poezibao estime que c’est l’une des plus originales de notre temps. Tout y circule à fleur de feuillet, même l’érotisme, le désarroi social et la crise mondiale. Enfin une poésie pour les âmes d’aujourd’hui.

au secours !…

In memoriam Raymond KLÉE (1907-1944)
Compagnon de SARTRE à Berlin

k’obscürément la vie méan=
dreuse sinüait parmi la
rivière vif-argent & nül n’avait
D’ABSOLU… Le fleuve Rien
N’absorbera pas notre folie…
L’Humanité peu à peu elle se

détruit nékrosant la fleur
De sa bonne-foi !…
Je n’étais k’ombre vermisseau
& colibri obsédé par l’Azür
Oh faiblardes minoteries,
Dont l’âme parfois s’éprenait…

L’immonde maquereau ki un jour
anéantira le monde entier a-t-il
déjà mis son épouvantable pié
parmi nous ?… l’apercevez-vous
Assis DANS LA MAISON NOIRCIE &
va-t-il jeter sür la KORÉE-dü-NORD

50 bombes nucléaires ●●●●● N’en
parlons pas Ne faisons rien (même pas
1 pas ou 2)… Rien !… Sürtout ne
bougez pas ?… Serions-nous
donc les complices de l’HORREUR
qu’on aperçoit qu’elle vient

SUR NOUS TOUS !!!…
Or je n’avais nül recours
que de crier AU SECOURS●●●
Et demain 500 millions
d’entre nous descendront-ils
DANS LA RUE pour manifester

Contre la guerre ki vient

Présentation : István Turczi

István Turczi (1957) est poète, écrivain, traducteur, éditeur, professeur d’université, personnage de la littérature hongroise, fondateur et rédacteur en chef de la révue poétique Parnasszus.

Secrétaire général du PEN Club hongrois
Section de poésie de l’Association des écrivains hongrois – Président réélu à plusieurs reprises
Troisième vice-président de Congrès mondial des poètes
Membre de l’Académie européenne de poésie (Academy of European Poetry, Luxembourg)
Membre de l’Académie de littérature Bjornson

Prix et honneurs : Grand Prix international de poésie de Varsovie, 2004
Ordre du mérite de la République de Hongrie , 2004
Prix József Attila, 2006
Professeur d’honneur de l’Académie mondiale des arts et de la culture,2008
Lauréat du Prix littéraire de la République de Hongrie, 2010
Grand Prix de poésie Eminescu, Roumanie, 2013
Prix de l’Association des écrivains moldaves, 2014
Citoyen d’honneur de ville de Tata, 2014
Citoyen d’honneur de Zugló, 2014
Prix Prima primissima, 2014

Ses livres publiés en hongrois:
Poésie :
Segédmúzsák fekete lakkcipőben (1985)
Zene állástalan zongoristáknak (1990)
A nők és a költészet (1991)
Amerikai akció (1991)
Uram, nevezze meg a segédeit! (1993)
Hosszú versek éjszakája (1997)
Csokonai Vitéz Műhely (1999)
Deodatus (2001)
Venus Vulgivaga (2002)
Sms 66 kortárs költőnek (2002)
Hívásra szól a csönd (2004)
Legszebb versei (Székely Magda vál., 2006.)
Áthalások (2007)
Erotikon – Eifert János aktfotóival (2008)
Ezt a nőt nagyon – hangoskönyv (2008)
Minden ablak nyitva – válogatott versfordítások (2009)
A változás memóriája (2011)
Turczi István legszebb versei (2014)
A fázisrajzoló átmeneti gyötrelmei (2016)
Üresség (2017)
Szeresd a vándort (2018)

Romans:
Mennyei egyetem (1987, 2002, 2013)
…se nélküled (1994)
A többi csak kaland volt
(2005)
Minden kezdet (2013)

Pièces théâtrales et radiophoniques:
Neander Kávéház (1989)
Hangdokumentumok –1956 (1989)
A katona története (1990)
Jer és lásd! – A Talmud könyvei (1991)
Revü (Dominó Színpad, 1991)
Anna-bál (Nagyváradi Szigligeti Színház, 1995)
A tintalovag (Petőfi Irodalmi Múzeum, 1996)

Quelle sorte d’édifice est la catharsis

Mon fils m’a demandé quelle sorte d’édifice
était la catharsis et où se trouvait-elle, sur quelle montagne.
Il m’a demandé de lui montrer une image aussi,
c’est quand même plus facile de concevoir ce qui
est visible, ce qui se trouve là et non pas ailleurs,
il n’a peut-être pas de place, on n’ose même pas y penser.
Il faut un lieu, pas tout près, loin non plus,
qui est sans ombre, qui ne branle et ne luit pas,
qui existe et qui veille sur lui-même.
Qui offre une belle vue – vers l’intérieur.

Présentation : Hester Knibbe

Née à Harderwijk aux Pays-Bas, Hester Knibbe publie son premier recueil de poésie Tussen gebaren en woorden (« Entre gestes et mots ») en 1982. On retrouve également ses poèmes dans divers magazines littéraires et anthologies. En 1994, sa publication Een hemd van vlees (« Une chemise de chair ») est nominée pour le VSB Poetry Prize. En 2000, son livre Antidood (« Anti-death ») reçoit le prix Herman Gorter (NL). En 2001, Hester Knibbe est récompensée par le prix Anna Blaman (NL et, en 2009, le prix A. Roland Holst (NL). La série Archaïsch de dieren (« Archaïque les animaux ») reçoit en 2014 le VSB Poetry Prize. Knibbe a en outre été consacrée poète officielle de la Ville de Rotterdam.

Un père

Échouant seule sur une sorte d’île
elle se cherche quelqu’un. Prend
par exemple l’homme qui vient de la mer,
le reçoit et le sert et quand il s’en
va, elle lui aménage un ici pour
quand il reviendra, si elle le reprend. Attendre
désormais fait partie de son corps et penser
comment était-il, algues aux pieds
dans ses mains un filet – C’est lui ! Ainsi
ce sont les femmes qui trouvent les dieux, elles
construisent un autel, y conduisent leurs fils,
leurs filles et disent: ton père.

traduction : Marnix Vincent

Présentation : Filipa Leal

Filipa Leal est poète, journaliste et scénariste. Formée en journalisme à l’université de Westminster, elle décroche un master en lettres portugaises et brésiliennes à la Faculté des Lettres à Porto. En 2003, elle publie son premier livre, suivi de huit autres dont on peut citer A Cidade Líquida, Vale Formoso (ed. Deriva), Adília Lopes Lopes (não-edições) ou son plus récent recueil Vem à Quinta-feira (2016, ed. Assírio &; Alvim). Sa poésie est traduite en Espagne, en Colombie, en Italie, en Croatie et au Venezuela. En 2014, elle livre au cinéma le scénario de son premier long-métrage, Jogo de damas (« Jeu de dames »), réalisé par Patrícia Sequeira. Cette écriture scénaristique lui vaut deux distinctions : le Golden Aphrodite du meilleur scénario au Festival de cinéma à Chypre (2016) ainsi que le Prix du meilleur scénario à l’International Monthly Film Festival de Copenhague (2017). Elle est aussi auteur et scénariste de la série télévisée Mulheres assim», diffusée à l’antenne de RTP1 (2016-2017). Actuellement, elle collabore à l’émission hebdomadaire « Literatura aqui », diffusée sur la chaîne TV RTP 2. Cette émission, réalisée en collaboration avec Pedro Lamares avec lequel elle fait la sélection des textes littéraires lus et interprétés tels des courts-métrages, a été primée en 2017 par la Société portugaise des auteurs (SPA) au titre de meilleur programme de divertissement.

MANUEL D’ADIEU POUR FEMMES SENSIBLES

Être digne le jour du départ, au moment des adieux, prendre congé avec tact,
ne pas pleurer pour ne pas affaiblir l’émigré,

même si l’émigré est notre frère cadet,

lui plier ses chemises, lui nettoyer ses baskets
avec un chiffon humide, l’aider à peser sa valise
qui ne doit pas peser plus de vingt kilos

(combien son cœur pèse-t-il? et le mien?)

trois paires de chaussures, une paire de draps, un coupe-vent
lui offrir la médaille que Maman portait chaque fois qu’elle partait

et que probablement elle ne portait pas lorsqu’elle partit pour toujours.
Avoir passé la journée à la recherche de la médaille dans toute la maison
(personne ne sort plus d’ici sans la médaille, personne ne sort plus d’ici)
songer que la date choisie pour partir est celle de la mort de Maman.
Songer que Maman n’est pas avec moi pour lui plier ses chemises
et quand même ne pas pleurer, ne jamais pleurer,
même si Papa est en train de pleurer, même si tout le monde pleure,

prendre des saletés s’il le faut: des calmants, des relaxants,

des antioxydants pour ne pas pleurer; marcher pour ne pas pleurer,

prendre un bain de soleil pour ne pas pleurer, sortir dîner pour ne pas pleurer,

rencontrer du monde,

mais des gens de bonne humeur, faire une couleur et dissimuler les cheveux blancs,

car le cheveu grisonnant fait davantage pitié, dire des bêtises pour que
les amis ne craquent pas à leur tour, les amis aiment surtout nous voir rire, regarder des séries
drôles
jusqu’à en être assommé, se réveiller plus tôt pour lui préparer du pain grillé avant le voyage,
avec du beurre, avec de la confiture de myrtille, avec tout ce qu’il y a dans le frigidaire,

et ne pas songer que jamais plus nous serons petits à nouveau,

emplis de Mère et de Père dans la chambre à côté,
emplis de travail dans la chambre à côté du temps où le Portugal existait encore.
C’est inouï ce qu’on exige d’un être humain du XXIe siècle.

Qu’il meure de peur et de saudade à l’aéroport de Francisco de Sá Carneiro.
Mais qu’il ne pleure pas.

in Vem à quinta-feira, ed. Assírio & Alvim, 2016

Vorstellung: Evelyn Schlag

Evelyn Schlag, geb. 1952, Waidhofen/Ybbs, lebt dort als freie Autorin. Zahlreiche Preise, u.a. Österreichischer Kunstpreis für Literatur 2015. Veröffentlichungen zuletzt: Sprache von einem anderen Holz. Gedichte. Paul Zsolnay Verlag 2008; verlangsamte raserei, gedichte. Paul Zsolnay Verlag 2014. Yemen Café. Roman. Paul Zsolnay Verlag 2016. (2018: All Under One Roof. Poems. Translated by Karen Leeder. Carcanet. Manchester.)

Tango Nuevo

Sie machen es bei offenem Fenster.
Unter den Vorhängen schiebt der Wind
Herein was er so hört. Es ist Frühling,
Der auf den Sommer prallt.
Es gibt tote Igel am Straßenrand.
Er sagt: Jetzt beug dich über mich.

Von irgendwoher kommt immer Musik.
Auf dem Gehsteig zieht ein Junge
Mit dem Skateboard eine harte Spur.
Tuscaloosa. Albuquerque. Santa Fe.
Langsam hebt er auf seiner Zunge
Ihre Brust um eine Terz.

Sie machen es bei Tag und bei Nacht.
Briefe und Rechnungen, die fein
Gestickte Erzählung in Bayeux,
Wo die Ritter im Wasser stehen.
Sie dreht sich unterm ausgestreckten Bein
Wie eine Zirkustänzerin herum.

Die Perseiden sind Salzkörner einer
Vom Lachen geschüttelten Hand.
Auf dem PC-Schirm verschwindet
Die Schrift, sternloses Firmament.
Sie verlieren noch den Verstand.
Er hat den Mund mit kurzer Sprache voll.

Ihm entfällt der Name seines Weins.
Irgendwo sind die Barbaren schon im Saal.
Kleinere Kunstbände zwischen der
Reiseliteratur. Die Zwinge ihrer Knie.
Sie machen es zum x-ten Mal.
Der Satz in ihren Augen unentzifferbar

Présentation : Corina Moscovich

Corina Moscovich est née à Rosario, Argentine mais habite au Luxembourg depuis 2014. Elle est poète, écrivaine, professeur des langues et traductrice. Elle a suivi un Master en Multiculturalisme et Multilinguisme à l’Université du Luxembourg ainsi qu’un Baccalauréat en arts. Elle est également journaliste et bloggeuse indépendante et coordonne un atelier d’écriture créative multiculturelle à l’Université du Luxembourg depuis 2016.

Corina a vécu et travaillé en Angleterre, aux États-Unis et en Afrique du Sud lors de la Coupe du Monde de la FIFA 2010. Elle a écrit pour l’hebdomadaire NotiExpress jusqu’à sa fermeture. Publiée en Angleterre, elle a travaillé comme traductrice et interprète pour des poètes étrangers. En Argentine et à l’étranger, elle a participé à différents groupes d’écriture et de lecture et coordonné Atelier d’écriture sur Passage Pan avec E. Previgliano en 2013 et 2014. Elle a également participé à des expositions collectives et solos de poèmes et d’histoires. Elle a été invitée à de nombreux cycles artistiques en Argentine et à l’étranger comme « La poesía de los bares » (2006 à 2011), Art pour la Paix (de 2006 à 2014), « Poesie mit Geschmack mate », le festival Cri de femme, « Landlocked, Sealocked – Poésie de Malte, Luxembourg et au-delà », « Je suis venue vous dire », etc.

Publications :
Ser de sangre (Elipsis, Rosario, 2016). Ce roman qui défie le lecteur intelligent et sensible, attentif au détail à la juste mesure a été présenté à Luxembourg, lors du 17e Salon du livre et des cultures du Luxembourg (LuxExpo) en 2017. La structure du roman s’articule autour de trois fils narratifs reliés entre eux. En plus de révéler des tabous qui cernent un épisode douloureux, Corina Moscovich offre au lecteur le portrait d´époques différentes de la société argentine. L´importance des racines généalogiques est présente pendant les soixante chapitres qui composent Être de sang.
Vía Remington (Ciudad Gótica, 2006) contient des poèmes en espagnol et en anglais, liés à ses expériences à Rosario et aussi dans des villes comme Bismarck (USA) et Birmingham (Angleterre). Ce recueil ne parle pas seulement d’amour et de manque d’amour, mais aussi de persévérance, de foi, de suivre une ou plusieurs voies. Vía Remington fait allusion au nom de la machine à écrire qu’elle a héritée de son grand-père et avec laquelle l’auteure a commencé à écrire systématiquement.

Corina Moscovich fait partie des anthologies Abat-Jour (Gato Grillé, 2015), 19 de Fondo (Gato Grillé, 2008), Fin Zona Urbana (Gato Grillé, 2010) et Poètes du Tiers-Monde (Ciudad Gótica, 2008). Son histoire Felipe sans sieste intègre le livre Aquí llegamos los chicos, un projet ludo-littéraire du ministère de l’Éducation de la Ville de Rosario.

J’ouvre des tiroirs déjà vides
avec des punaises oxydées
des restes de poussière
des odeurs
des humeurs
des amours
et je ne détecte
aucun signal
qui m’aide à comprendre
la raison de ton absence.

Concours Jeune Printemps 2018

Notre nouveau thème : l’ardeur.

Cette année, c’est la septième édition du concours Jeune Printemps. Elle voit une nouvelle catégorie s’ajouter : l’ouverture aux étudiantes et étudiants de l’Université du Luxembourg.

Bonne chance à toutes et à tous !

Formulaire de participation et règlement 2018 ci-dessous :