Le printemps des poètes 2023 aura lieu les 21, 22 et 23 avril

Le 16è festival du Printemps des Poètes-Luxembourg aura lieu les 21, 22 et 23 avril avec une dizaine de grandes voix et de jeunes poètes qui ouvriront de nouveaux chemins pour faire vivre le poème. Il ouvrira ses portes à la Kulturfabrik, les refermera à la galerie Simoncini après une grande nuit de la poésie – moment privilégié de cette fête des mots – à neimënster. Mais quel rôle peut jouer la poésie dans un monde où la guerre et l’obscurantisme s’installent? Et que dire de Frontières thème de cette édition du festival – chargées de tant de tragédies et de souffrances mais qui en appellent aussi à d’autres réalités que celle des murs et des obstacles?

En préfiguration du festival du Printemps des Poètes Luxembourg, la Kulturfabrik – qui accueillera l’ouverture du festival le 21 avril 2023 – proposera le 28 mars à 20h00 le spectacle Joseph Java l’interview de la Cie des IndiscretsInterview improbable d’un clown qui, à travers ses mots et sa fantaisie, tentera de nous dire où en est la poésie aujourd’hui. Rencontre décalée et joyeuse. Tout public à partir de 10 ans.

 Billets pour le spectacle «Joseph Java l’interview » (Questions de poésie générale)
(Photo: Ernesto Timor)

✒️ À VOS PLUMES ✒️

12e Concours multilingue Jeune Printemps

Le Printemps des Poètes – Luxembourg (PPL) organise son 12e concours de poésie multilingue sur le thème «Frontières». Tous les élèves et étudiants fréquentant un établissement secondaire du pays ou l’Université du Luxembourg, ainsi que les adultes du Luxembourg, aimant la poésie et non encore publiés, sont invités à participer au concours.

⏳ Le formulaire de participation et les poèmes (3 au max.) en format WORD (disponibles sur notre site) devront être envoyés pour le 11 mars 2023 au plus tard à l’adresse mail jeuneprintemps@printemps-poetes.lu

Le jury, composé de poètes et de membres du PPL, sélectionnera les poèmes gagnants et informera les lauréats.

📅 La remise des prix aura lieu le 19 avril, avant la manifestation «Printemps des poètes» (21, 22, 23 avril) à «neimënster», en présence de Sam Tanson, ministre de la Culture.

👨‍🎓👩‍🎓Les lauréats des 4 catégories, placés premiers, seront invités à se produire sur scène lors du 16 e Printemps des Poètes.

Pour toute information complémentaire, veuillez vous adresser à
Delia Pifarotti 📧 jeuneprintemps@printemps-poetes.lu

Don d’André Simoncini à la Wittockiana (Bruxelles)

Le printemps des Poètes-Luxembourg salue l’entrée des ouvrages de l’édition bibliophilique d’André Simoncini à la Wittockiana, à Bruxelles. Le galeriste- éditeur, et poète lui-même, a en effet fait don au musée des arts du livre et de la reliure de cette belle collection qui associe poètes de langue française ou traduits en français et œuvres originales d’artistes plasticiens, graveurs ou peintres.
Une soirée riche en émotions a permis de (re)faire le chemin de l’édition et de (re)découvrir de grandes voix poétiques dont celles des poètes belges de la collection – notamment André Doms présent à la manifestation – mis à l’honneur dans une exposition ouverte à la Wittockiana jusqu’au 3 septembre. L’ensemble des ouvrages – parmi lesquels des recueils signés Anise Koltz, José Ensch et Edmond Dune – et des œuvres graphiques est lui exposé à la bibliothèque du musée.

(de g. à dr.): Jacques Carion, auteur et critique, Géraldine David, directrice de la Wittockiana, André Simoncini, Myriam Watthee-Delmotte, Présidente de Lettres en Voix, membre de l’Académie Royale de Belgique, le poète André Doms et Hélène Gilmard son épouse.

Retransmission de la matinée poétique – galerie Simoncini

La 15e édition du Printemps des poètes s’est achevée le dimanche 24 avril 2022 avec la traditionnelle matinée poétique à la galerie Simoncini. Revivez les lectures des poètes Joan-Elies Adell (ES), Fabrizio Bajec (IT), Francisca Camelo (PT) et Ariel Spiegler (FR). S’en suit un débat avec tous les poètes et poétesses du festival encore présents dimanche. Encadrement musical: Vedran Mutić (contrebasse).

Un pays, un poème: la Hongrie

FRAGILE
de Csilla Tóth

J’avais une image de moi-même, en moi-même,
de mon moi fumeuse, en fait,
je souffle la fumée, les jambes croisées,
sur la terrasse d’un café,
je suis rêveuse, féminine, assise,
la courbe de ma main gracieuse,
une cigarette entre les doigts,
sa fumée suit la ligne de ma main,
pont volatile vers l’éternité.

C’est comme ça que je me vois si je fume,
on se voit d’une certaine manière,
même si on fume,
on dirait qu’on vit en soi une vie à part,

comme quand la dernière fois j’ai guetté la fumée,
et par la fumée j’ai aperçu quelque chose d’incompréhensible,
moi, le démon, la star, Hélène, Dietrich,
la pédicure de chien allumeuse, qui fume entre deux toutous,
penchée à la vitre,

alors, à ce moment un pigeon s’est installé sur ma table
et se balançant longuement au bord
voulait des morceaux de mon gâteau,

pas tout à fait blanc, ni éthéré,
comme une colombe de paix,
rêve de Picasso et de l’humanité,
plutôt vil, crasse, maladif,
a bousculé mon assiette par terre,

et moi, mon moi fumeur,
composé soigneusement
des femmes assises sur les terrasses de café
dans les films,
et qui vivait une vie commode
et attirante dans ma tête,
je suis tombé en morceaux tout de suite.
Maintenant je suis une concierge dans un roman
typique de Kosztolányi, qui râle contre les pigeons,
fleur de lotus dans la fosse d’aisances, s’étouffe,
et avale de travers.

Poème lu par l’auteur, en hongrois

BIOGRAPHIE. Csilla Tóth écrit régulièrement depuis sa jeunesse, mais longtemps n’a même pas pensé à publier, simple question de personnalité, dit-elle. Elle est anxieuse lorsqu’elle n‘écrit pas, mais tout aussi anxieuse lorsqu’elle doit s‘occuper de ses écrits. Alors longtemps, elle a continué à écrire pour elle-même et pour son entourage.

C‘est après son déménagement en Belgique, la décision étant mûre, qu‘elle a publié ses premiers poèmes. Son premier recueil, «Avec moi tout est possible», est paru chez Parnassus en 2019. Entre-temps, elle a terminé un recueil de
nouvelles «Moi et moi», un recueil de poèmes pour adultes, «Bruxelles est le bien», un recueil de poèmes pour enfants, «Petites choses», et un conte en vers, également à destination des enfants, «Julie, la fille du feu», qui sont en attente de publication.

Un pays, un poème: la France

DE L’EAU
de Ariel Spiegler

Tu te souviens de ce que ça fait
La sensation du sel et du vent
Tiens bon
L’odeur de l’eau verte
Plate et sombre
Son mouvement tout noir
La promesse d’un orage et la lumière

BIOGRAPHIE. Ariel Spiegler est une poétesse française, née en 1986 à São Paulo au Brésil. Son premier recueil, «C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment», paru en 2017 aux éditions de Corlevour, a reçu le prix Apollinaire Découverte la même année. Son deuxième recueil, «Jardinier», a été édité en 2019 par les éditions Gallimard. Elle vit en Bretagne. Elle est agrégée de philosophie et écrit régulièrement des articles de critique littéraire.

Elle a publié des poèmes dans plusieurs revues : «Nunc», «Place de la Sorbonne», «Triages», «N47», «Recours au poème», «Sitaudis», «La Passe», «Décharge», «Les Cahiers de la rue Ventura, les Carnets d’Eucharis», «Passage d’encres», «Ce qui reste».

Un pays, un poème: le Luxembourg

L’OISEAU
de André Simoncini

Onde porteuse
Dans la plaine évanescente
Un oiseau veille
Ailes déployées
Sur le règne de l’immatériel
Dans la brise
Du crépuscule qui s’annonce
Ce danseur diurne
Nous observe
Prisonniers de la pesanteur
Pourfendeurs
Des lois de la nature
Hommes bien trop suffisants
Quand la nuit s’installe
Et que l’horizon s’émousse
L’oiseau alors
Se pose sur terre

BIOGRAPHIE. Né en 1946 à Esch sur Alzette / Grand-Duché de Luxembourg,
André Simoncini est galeriste et éditeur. En 1981, il lance une collection bibliophile, avec poèmes de langue française ou traduits en français et estampes originales, aujourd’hui accompagnée d’une édition poche.

Il a publié un journal, «Échanges», édité la «Nouvelle anthologie de la poésie nègre et malgache de langue française», cordonnée par Charles Carrère et Amadou Lamine Sall, et organise depuis les années 90 des matinées poétiques.
Poète, André Simoncini a signé sept recueils : «Aube impalpable» (Ed. Caractères, 1977), «Le Versant probatoire» (SaintGermain-des-Prés, 1984), «Le manuel de l’éphémère» (SaintGermain-des-Prés 1988), «Le manuel du silence» (Ed. Phi 2016) et, en édition bibliophile, «La plaine des absents» avec
le sculpteur Axel Cassel (2013), «Dieu se cache», avec le photographe Kozo Yano, (2014), traduit en japonais, italien et anglais, «Le tournoiement des ombres» avec gravures de l’artiste américaine Holley Chirot (2021).

À noter aussi sa collaboration pour un livre objet avec le plasticien japonais Rikizo (2006). À paraître prochainement «L‘Union des sels» (Éditions Phi).

Un pays, un poème: le Liechtenstein

KIESELKLAR
de Hansjörg Quaderer

der rhein
schriftwechsel
zwischen
den bergen
an den schläfen
an den wegwarten
bring
die sirrende letter
ins lot
nur innen
nur das stimmmäander
ton ~ nebel ~ not
strömung
übersetzt
in zeitwörter des herzens
flusskrebse
gäb es sie nun
huschten über gestrich’ne kiesel
gletschergrüner
strömung

Poème lu par l’auteur, en liechtensteinois

BIOGRAFIE. 1958 in Schaan (Liechtenstein) geboren. Freischaffender Maler
und Buchkünstler. Von 1970-78 Liechtensteinisches Gymnasium. Zweimaliger Preisträger des Liechtensteinischen PenClubs 1978 u. 1980 in der Sparte Essay.
Nach ersten autodidaktischen Lehr- und Wanderjahren 1978-83, mit mehrmonatigen Studienaufenthalten in Griechenland und Italien, Studium an den Kunstakademien von Urbino und Bologna. Abschluss mit einer Arbeit zum Künstlerbuch: „Il libro come architettura ideale“.

1989/90 einjährige Reise nach Südostasien, Zanskar/Ladakh, Indien und Indonesien mit nachhaltiger Tiefenwirkung.
1998/99 Werkjahresstipendiat mit dreimonatigem Aufenthalt in Bhutan.
Von 2000 – 2019 Dozent für bildnerisches bzw. analoges Gestalten am Institut für Architektur und Raumentwicklung, Universität Liechtenstein. Gründer und Leiter der Edition Eupalinos. Organisiert seit 2008 zusammen mit Mathias Ospelt die Liechtensteiner Literaturtage. Mitherausgeber des Jahrbuchs des Literaturhauses, wo er in der Programmgestaltung mitwirkt.

Un pays, un poème: la Roumanie

LA PLANÈTE POLICE
de Bogdan Ghiu


Tout d’un coup un bon matin presque à la même heure tous les commissariats et postes de police et toutes les casernes et unités militaires d’une bonne partie du monde civilisé ont commencé à s’agglomérer

En très peu de temps on s’est rendu compte Quelle surprise Qu’il n’y en avait pas assez ni assez de place Surpris à leur tour alarmés les policiers et les militaires ont cru qu’ils étaient attaqués pris d’assaut que leur heure avait sonné que les gens venaient enfin leur demander des comptes même s’il y avait paix et que la presse avait cessé depuis longtemps à les montrer du doigt

Au plus grand émerveillement de toutes les forces d’ordre bientôt il s’est avéré que la population donnant enfin cours à une vieille consigne souhaitait la parfaite Tranquillité et Sécurité Ordre et Paix et tout le monde femmes et hommes vieux et jeunes élèves et professeurs etc étaient venus s’inscrire dans la police et dans l’armée Se faire dignes policiers et soldats pour qu’ils puissent vivre dans la Justice Aucun pouvoir ne devait plus les séparer


(Traduction: Marieva Ionescu)

Poème lu par l’auteur, en roumain

BIOGRAPHIE. Bogdan Ghiu (né 1958, Bucarest) est poète, essayiste (littérature, philosophie, médias, architecture et urbanisme, art contemporain), traducteur, théoricien et pédagogue de la traduction, journaliste, réalisateur de radio-télévision roumaine.

Il fait ses débuts en 1982 en tant que poète, dans le volume collectif Cinci (Maison d‘édition Litera), puis continue à publier de la poésie, dans des volumes individuels et collectifs, ainsi que des essais et des traductions.
En tant que poète, il a publié : «46 calligrammes utiles» (Neuf poètes, Ed. Cartea Românească, 1984) ; «Le manuel de l‘auteur» (Cartea Românească, 1989), «Le poème avec un côté d‘un mètre» (Pontica, 1996), «L‘art de la consommation» (Cartea Românească, 1996), «Arhipelogos» (Axis, 1997), «Pantalon et chemise» (Pontica, 2000), «Le manuel de l‘auteur» (Cartea Românească, 2004), «Le poème en carton / Traces de destruction sur Mars» (Cartea Românească, 2006), «L‘œuvre poétique» (Paralela 45, 2017), «Avec n‘importe quoi est possible» (Nemira, 2019).

En tant qu‘essayiste, il est l‘auteur des titres suivants : «Grame» (Cartea Românească, 1997), «La trilogie Moyen Age» (I : L‘Œil de verre. Textes sur la télévision, All, 1997 ; II : Moyen Age ou l’Homme terminal, Idea, 2002 ; III : Telepitecapitalism, Idea, 2009), Faculté de Lettres. «Petit guide de mauvaise pensée» (Cartea Românească, 2004), «Moi l’artiste. La vie après la survie (code de barre pour l’avenir monstrueux de l‘art)» (Cartea Românească, 2008), «L’Inconstruction. Pour une architecture éthique» (Arhitext, 2011), «Dadasein» (Tracus Arte, 2011), «Contrecrise» (Cartea Românească, 2011), «La chaîne de production : travailler avec l‘art» (Tact, 2014), «Tout doit être traduit. Le nouveau paradigme (un manifeste)» (Cartea Românească, 2015), Pandémiocratie. «Kairos et le vide partagé (Contrecrise 2)» (Tact, 2020).

Bogdan Ghiu est également un important traducteur (plus de 70 titres) de la philosophie et de la littérature françaises contemporaines. Pour nombre de ces volumes, ainsi que pour nombre de ses traductions, il a reçu de nombreux et importants prix littéraires.