Un jour, un poème (11)

Cosmin Perţa (Roumanie)

(c) Dirk Skiba

Cosmin Perța, né en 1982 à Vișeu de Sus (Transylvanie), est poète, prosateur et essayiste. Il est diplômé de la Faculté des Lettres de l’Université de Cluj Napoca et de l’Université de Bucarest (doctorat avec une thèse sur la littérature fantastique d’Europe de l’Est).

Depuis ses débuts, en 2002, Cosmin Perța a publié romans, essais, nouvelles et cinq recueils de poèmes (Santinela de lut / La sentinelle d’argile (Ed. Vinea, 2005), Cântec pentru Maria / Chanson pour Marie (Ed. Vinea, 2007) ; Bătrânul, o divină comedie / Le vieil homme, une comédie divine (Ed. Charmides, 2009) ; Fără titlu / Sans titre (Ed. Paralela 45, 2011) ; Cântec de leagăn / Une berceuse pour ma génération (Ed. Paralela 45, 2018).

En 2012, il remportait le prix du jeune écrivain de l’année.

Les poèmes de Cosmin Perța ont été traduits en 16 langues et son dernier volume de prose, livre dédié aux enfants – Anisia et les outils enchantés – est actuellement en traduction dans quatre pays.

Cosmin Perța a travaillé pendant huit ans pour la presse culturelle à Cluj et à Bucarest et a dirigé des collections de littérature contemporaine très appréciées chez Tracus Arte et Paralela 45.

Il est actuellement chargé de cours à l’Université Hyperion de Bucarest.

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Seară cu final anunţat

Îmi ţin echilibrul pe sârmă,

îmi înclin braţele, capul.

Puterile animalului sunt peste puterea mea de-nţelegere.

Afară e noapte, o noapte umedă, proaspătă,

cu miros de cânepă şi bumbac.

Îmi ţin respiraţia şi înaintez,

puterile animalului sunt peste puterea mea de-nţelegere.

Urmele mariei în noapte, lângă lacul cu miros de cânepă şi bumbac,

urmele, ei, îmi spun, au consistenţa pânzei de păianjen lucioasă.

(Un dragon mic de fum, o femeie cu haine de ceaţă

zboară deasupra capului meu)

Ceva se va naşte în seara aceasta. Îmi ţin echilibrul pe sârmă, plutesc,

mă iau după urmele ei, căci iată,

puterile animalului

sunt mult peste puterea mea de-nţelegere.

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Soir au dénouement annoncé

Je me tiens en équilibre sur le fil de fer,

je penche les bras, la tête.

La force de l’animal dépasse mon entendement.

Il fait nuit dehors, une nuit fraîche et humide

qui sent le chanvre et le coton.

Je retiens ma respiration et j’avance,

la force de l’animal dépasse mon entendement.

Les traces de Maria dans la nuit, auprès du lac qui sent

      le chanvre et le coton,

ses traces, me dis-je, ont la consistance de la toile

      brillante d’une araignée.

(Un petit dragon de fumée, une femme portant des

      habits de brouillard

volent au-dessus de ma tête.)

Quelque chose viendra au monde cette nuit. Je me

      tiens en équilibre sur le fil de fer, je flotte,

je suis ses traces, car

la force de l’animal

dépasse de loin mon entendement.

(Traduction : Linda Maria Baros)